Licences scientifiques : les étudiants en mode « Equipe projet »
L'apprentissage d'une méthodologie de travail en équipe pour gérer des projets disciplinaires
Une pédagogie par projets
Depuis 2020, le Projet Personnel d’Études et d’Insertion (PPEI) étend la notion d’unité d’enseignement (UE) de projet professionnel à travers des UEs spécifiques ou des activités intégrées à d’autres UEs en lien avec les compétences de l’orientation tout au long de la vie.
En 2ème ou 3ème année de Licence à l’UFR Sciences, pour la plupart des mentions, c’est le travail en équipe sur un projet disciplinaire qui est mis à l’honneur. En groupe de 4 à 6 étudiants voire parfois plus, l’objectif est d’appliquer, à la gestion de projets disciplinaires, une méthodologie de travail en équipe. C’est l’UE « Management/Conduite de Projet en Équipe ».
Le déploiement de la méthodologie suppose une collaboration étroite entre les enseignants disciplinaires et les enseignants « référents méthodes » issus d’un partenariat avec une association externe à l’Université (OTECI) composée de cadres retraités d’entreprises privées ayant développé et/ou pratiqué cette méthode lorsqu’ils étaient en activité. La complémentarité de leurs compétences et leur encadrement conjoint permettent de suivre et conseiller efficacement les étudiants tout au long de leur projet. L’organisation de l’équipe, l’autonomie, le respect des plannings et la communication sont les principaux points travaillés au cours de cette UE.
Des sujets très variés
La diversité des sujets proposés est également un atout pour cet enseignement. Tous les sujets sont proposés sous la forme d’une commande passée par un donneur d’ordre. Il peut s’agir du gouvernement, d’une ONG, d’une collectivité territoriale ou d’un industriel qui a une demande précise, avec un cahier des charges bien défini.
Certains projets vont permettre de mobiliser différemment les connaissances acquises dans les enseignements traditionnels de chimie, de biologie, de géosciences ou de physique. C’est le cas pour certains projets de chimie (industrie agroalimentaire, verre, plastiques) ou de biologie (insectes, zones humides, Covid-19). La gestion des ressources d’une région en géosciences ou les capteurs pour les projets de physique sont également l’occasion pour les étudiants de mettre en pratique certaines connaissances théoriques. Tous ces thèmes constituent autant d’opportunités pour les étudiants de réinvestir leurs connaissances dans un autre contexte, d’aller au-delà de la simple application des savoirs. D’autres projets demanderont aux étudiants d’acquérir de nouvelles connaissances théoriques pour traiter leur sujet, c’est tout particulièrement le cas des projets concernant les « fake news ».
La variété réside aussi dans la forme que va prendre le rendu final. Chaque équipe décidera de ce qu’elle souhaite réaliser et de la façon de le diffuser. Ainsi, certains produiront des vidéos, des sites internet, des articles, des expositions, des livres pédagogiques, seule l’imagination de nos étudiants sera une limite à l’originalité de leur production.
Des étudiants très motivés
Les étudiants s’investissent énormément dans leur projet et y consacrent de nombreuses heures pour réaliser un produit le plus abouti possible tout en respectant le cahier des charges fixé en début d’UE. « Les étudiants plongent littéralement dans les projets. On doit parfois les freiner un peu et leur rappeler qu’ils ont d’autres matières à travailler » témoigne Romuald Drot, un des enseignants de cette UE en L3 Chimie.
Après un nécessaire temps de familiarisation avec la méthode de travail proposée, les étudiants avancent à leur rythme, en grande autonomie en faisant régulièrement des points d’avancement avec leurs enseignants. Ils développent ainsi des compétences transverses. « J’ai appris à mieux m’organiser, à plus faire confiance à mes camarades » confie Luis tandis que Myriam « …ne pensais pas arriver à produire un résultat de cette qualité ». Enfin, Zsombor conclut en disant « Je recommande cette UE », un vrai plébiscite.
Des résultats surprenants
Les productions sont souvent bluffantes et d’une grande qualité, à tel point qu’en 2023 plusieurs manifestations se sont tenues : forum au sein de l’Institut des Sciences Moléculaires d’Orsay, expositions à la MAPS et dans le hall du bâtiment Henri Moissan, projection/débat au cinéma Jacques Tati d’Orsay. Devant la qualité du travail, une équipe d’étudiants du groupe « Fake News », qui était chargée de sensibiliser le grand public à la désinformation, a même vu ses productions diffusées sur les réseaux sociaux de l’Université. Il est clair que de nombreux projets ont mené à des expositions, des articles, des ouvrages pédagogiques qui pourraient aisément trouver leur place dans des médiathèques ou des bibliothèques scolaires.
Nul doute que cet enseignement, qui permet de développer les savoir-être et savoir-faire de nos étudiants, leur permettra de plus aisément s’insérer dans un monde professionnel pour lequel ces compétences, au-delà des connaissances théoriques, constituent dorénavant des atouts décisifs.